Appel à communications


 

Appel à communications 

Dit et non-dit au Japon

 

En tant que fait de langage ou figure de style, le non-dit a évidemment suscité l’intérêt des linguistes, des traductologues ou des spécialistes en études littéraires. Les euphémismes, les litotes, les présupposés ou les sous-entendus font ainsi l’objet de nombreuses études qui cherchent à déterminer ce qui est tu dans le dit et dit dans le tu. Mais dit et non-dit renvoient aussi à des phénomènes sociaux, historiques, culturels, ou artistiques. Comment l’ethnographie doit-elle traiter le mutisme ou les stratégies d’évitement des acteurs qu’elle interroge ? Un historien peut-il interpréter les sources perdues, les archives détruites ou le silence des témoins ? C’est parfois, à l’inverse, la volubilité d’un personnage ou l’exhaustivité d’un document qui manifestent d’expédientes omissions ou des réticences coupables.

Les interactions entre dit et non-dit s’expriment ainsi à tous les niveaux de la vie sociale. On peut opposer les deux pôles. Pour une minorité stigmatisée, l’alternative consisterait ainsi soit à affirmer une identité, soit, au contraire, à se taire pour « se fondre » dans une norme. Mais le dit et le non-dit peuvent aussi être des valeurs relatives qui échangent leurs rôles et s’interpénètrent. Le corps et le geste, le dessin et la carte, le rythme et la mélodie offrent des exemples particulièrement frappants de non-dits qui ne cessent pourtant de parler.

L’explicite et l’implicite, le formulé et l’informulé, agissent et rétroagissent l’un sur l’autre. Circonscrire leurs frontières respectives et comprendre leur interdépendance sont des enjeux qui concernent toutes les sciences humaines et sociales. Pour les chercheurs en études japonaises, ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité qu’ils travaillent sur des phénomènes et des objets souvent dépeints a priori comme relevant d’une culture du non-dit. Civilisation de l’ombre et des signes, le Japon échapperait à la réification du sens, à l’étouffante clarté du dit. Loin de faciliter l’appréhension des relations entre explicite et implicite, cette utopie culturaliste entrave souvent la démarche heuristique car elle évacue, en les polarisant, la question des solidarités et des réciprocités entre le dit et le non-dit.

Nous proposons aux participants et aux participantes du 15ème colloque de la SFEJ d’explorer ces questions dans leurs disciplines respectives. Les propositions sans lien avec le thème du colloque pourront également être considéréesUne attention particulière sera accordée aux propositions qui émanent de doctorants et de jeunes chercheurs, ainsi qu'aux panels déjà constitués

Les propositions (environ 250 mots) doivent être déposées ici avant le 30 mars 2023, sous forme de fichier pdf. Il est nécessaire de créer un identifiant sciencesconf au préalable. Il est possible de déposer une proposition individuelle ou une proposition de panel (3 à 4 communications). Au moment du dépôt, les personnes souhaitant déposer une proposition individuelle devront sélectionner le type de dépôt "communication individuelle". Pour les personnes dont la proposition s'inscrit dans un panel déjà constitué, il suffit qu'un seul des membres du panel effectue le dépôt (un fichier unique réunissant la présentation générale du panel en une dizaine de lignes et les résumés des différentes communications) en sélectionnant le type de dépôt "panel".

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